Russell Gunn

Si l'on tentait dresser le portrait du stéréotype de la quintessence du musicien contemporain de la tradition afro-américaine, le joueur de bugle-trompettiste-compositeur Russell Gunn serait le modèle de base. Membre en règle de la génération du hip-hop du point de vue de son âge (il est né en 1971) et de la géographie (le ghetto très « hardcore » d'East St. Louis), aspirant tôt à entrer dans le monde du rap, Russell délaisse la trompette, qu'il avait commencé jouer en quatrième année. À seize ans, date butoir qu'il s'était fixé pour démarrer sa carrière dans le hip-hop, son dévouement au jazz prend une forme concrète.

Au lieu d'abandonner la musique qu'il aime, il canalise l'énergie, l'esprit et la toute fière rage intellectuelle dans l'idiome du jazz, créant ainsi une synthèse vraiment moderne et unique, symbolisée par son groupe d'avant-garde, Ethnomusicology. Comme ce nom l'indique de façon équivoque, Gunn, à l'instar de la plupart des meilleurs jeunes musiciens à se démarquer au cours de la dernière décennie, a développé sa musique à partir d'une immense variété d'influences musicales. Dans ce cas précis, Gunn rassemble des éléments de musiques cubaine, brésilienne, africaine, « Go Go » de Washington ainsi que du hip-hop, afin de concocter un style de jazz progressif aventureux qui rend hommage à sa tradition tout en repoussant les limites de la forme. Né à Chicago, Russell a neuf ans lorsque sa famille déménage à East St. Louis, en Illinois.

Toujours intéressé pas la musique, à l'âge de 10 ans, il choisit la trompette comme instrument et entame un carrière de près d'une décennie dans le groupe de l'école, où son cousin Anthony Wiggins, le trompettiste vedette, et le directeur musical Ron Carter (pas le bassiste légendaire), développent ses intérêts pour la musique. En réalité, c'est le populaire rappeur LL Cool J qui a été sa principale source d'inspiration et sa première idole. Pendant qu'il joue dans le cadre des spectacles d'école, enregistrant des démos et construisant des rimes téméraires, Russell commence à développer une compréhension plus approfondie de la langue du jazz qui a toujours été intimidante mais aussi fascinante.

Après avoir passé deux ans à la Jackson State University du Mississippi dans le cadre d'un programme d'études musicales, Gunn déménage à St-Louis et devient artiste autonome, donnant de temps en temps des spectacles sur des bateaux de croisière. C'est en travaillant pour un club appelé Cicero's, en 1993, que le grand compositeur-saxophoniste et co-fondateur du World Saxophone Quartet, Oliver Lake, entend le jeune trompettiste et l'invite immédiatement à se rendre à New York pour donner un spectacle au Brooklyn Museum. Subissant la critique des tenants du jazz classique néo-conservateurs à cause de ses dreadlocks et de sa tenue vestimentaire empruntée à la culture hip-hop, les talents de virtuose de Russell et sa maîtrise de tous les styles de musique, du funk à l'avant-garde, souligne l'émergence d'un nouveau talent important.

Sa présence fortuite lors d'un jam session aux petites heures du matin dans le célèbre Blue Note de New York lui permet de se faire entendre par Denis Jeter, assistant de Wynton Marsalis au Lincoln Center, qui le recommande comme troisième trompette dans le Blood on the Fields de Marsalis. On lui accorde des entrefilets très positifs pour son travail au sein du Lincoln Center Jazz Orchestra, et Gunn commence à être reconnu comme l'un des musiciens les plus dynamiques et excitants de sa génération. Toujours artiste autonome aux côtés de Lake ainsi que de différents grands artistes du jazz, Gunn commence à mener ses propres groupes en 1994 et sort un premier album, Young Gunn. En tournée à travers les États-Unis et l'Europe en 1995-1996, avec Buckshot La Fonque de Branford Marsalis, l'approche musicale éclectique de Gunn le rapproche des artistes comme Cee-Low de Goodie Mob and Maxwell, pendant qu'il poursuit ses spectacles avec ses propres groupes dans les salles les plus importantes de New York.

Grâce à un style unique incorporant les influences des maîtres tel Freddie Hubbard, Miles Davis, Lee Morgan et surtout le très sous-estimé Booker Little, Gunn continue d'être reconnu pour sa musique, en tournée ou sur des albums très bien reçus, comme Ethnomusicology, Vol. 1 (sorti en 2000) en nomination pour un Grammy. Malgré une tournée aux États-Unis et en Europe avec D'Angelo en 2000, Gunn participe à un certain nombre de festivals américains, y compris celui de San Francisco, de Bell Atlantic et Earshot, et travaille sur des ateliers et joue régulièrement pour diverses universités américaines.

L'année 2001 lui apporte une gamme de spectacles assez variée, y compris le Kennedy Center, le Mellon Jazz Festival de Philadelphie, le Festival de jazz d'Ottawa, le Atlanta Jazz Festival, le Moers Festival en Allemagne, ainsi que divers clubs, d'universités et de salles de concert. Il est également chargé par San Francisco Jazz de créer une nouvelle oeuvre et donner des ateliers pendant une semaine dans les collèges de la région de la Baie de San Francisco.

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