Curtis Lundy
Né en 1956 à Miami, Curtis débute sa carrière musicale à la batterie, mais à l'âge de 12 ans, il succombe vite à la grave tentation de la sérénade de la basse. Il s'écoule à peine trois ans et le chevalier à la basse électrique Curtis forme son propre groupe, dans la veine toute « seventies » des groupes de groove novateur tels Earth, Wind & Fire et Kool and the Gang.
À 17, ans, la basse finit par accaparer les pensées de l'aspirant footballeur, Lundy découvrant peu à peu la magie de la basse acoustique au secondaire. De là, toujours dans l'esprit du football, Curtis entre à l'Université de Miami où, une fois pour toutes, il décide que c'est la musique, et non pas le casque protecteur, qui lui semble l'outil le plus prometteur pour développer sa carrière professionnelle. C'est à Miami, au milieu des années 1980, qu'il rencontre pour la première fois le saxophoniste alto de Kansas City et descendant spirituel de Charlie Parker, Bobby Watson, entamant une collaboration qui devait se poursuivre jusqu'à Against All Odds.
Ensemble, ils co-dirigent des groupes et fondent la maison de disques New Note; ils jouent au sein du George Coleman Octet, du big band de Charlie Persip, avec Louis Hayes, Sam Rivers, Dameronia, le 29th Street Saxophone Quartet et les Savoy Sultans; toute une gamme de styles de jazz! Autre relation déterminante établie à l'Université de Miami, lorsque Curtis passe sous le tutorat de Lucas Drew, alors bassiste principal du Miami Philharmonic Orchestra.
En peu de temps, il développe un attrait pour New York et Betty Carter demande à Curtis de se joindre à son trio, qui se composait à l'époque de musiciens qui allaient devenir les autres partenaires inséparables de Curtis : le batteur Kenny Washington et le pianiste John Hicks ? autre membre de la bande de Against All Odds.
En 1979, c'est une Betty très intuitive qui sort littéralement le jeune Curtis des rues de Miami et du campus de l'Université de Miami à titre de nouveau bassiste, accélérant du même coup l'évolution de la carrière jazz du bassiste. Il est donc tout à fait approprié que Lundy fasse partie du club sélect des vétérans de Betty Carter, choisis pour travailler et performer avec treize des étudiants du programme de Betty, Jazz Ahead, dans le cadre de l'hommage à Brooklyn. Entouré de formidables acolytes de Carter tels Geri Allen, Jack DeJohnette, Dave Holland et Don Braden, Curtis Lundy travaille sans relâche avec les jeunes et assume avec aplomb son rôle de leader.
Ses encouragements et l'attention qu'il porte aux détails musicaux pendant ces répétitions avec le matériel original de jeune artiste sont une source constante d'inspiration; on dirait que Curtis Lundy ne fait que continuer ce qu'il a commencé à ses débuts avec cette scène. L'immersion de Curtis dans la scène newyorkaise donne lieu à des collaborations (fructueuses) avec des maîtres tels Art Blakey (où Watson s'est d'abord imposé), Johnny Griffin (où il est réuni à Washington); Freddy Hubbard, Pharoah Sanders et les divers groupes de Hicks. Les nombreuses collaborations ont été de précieux éléments de base et ont défini le talent artistique de Curtis Lundy, mais la collaboration avec Betty Carter (programme Jazz Ahead) a eu une influence très profonde sur son style de jeu et sur sa conception de la musique.
Elle semblait croire que la basse est la meilleure amie du chant, l'instrument auquel les chanteuses tendent à suivre le plus. Curtis Lundy tire de précieuses leçons avec Betty Carter, comment construire un groove bien senti, puis sans crier gare extraire toute la douleur et la mélancolie d'une tendre ballade. Curtis Lundy s'est affirmé en tant que leader, malgré sa mince discographie, qui comprend jusqu'ici la parution (épuisée) en format vinyle de Just Be Yourself (New Note), Beatitudes, un enregistrement qu'il a co-dirigé avec Bobby Watson (New Note), ainsi que son actuel poste de directeur de chorale avec le ARC Choir, un ensemble gospel dont le disque de 1997, Walk With Me (Mapleshade), un brillant exemple du genre.
Sur le très attendu Against all Odds, au titre très à propos (contre toute attente), Curtis joue avec une excellente combinaison de musiciens, y compris Roy Hargrove à la trompette, Bobby Watson sur saxophone alto, John Hicks au piano et sa s?ur Carmen Lundy (l'autre célèbre artiste jazz de la famille) au chant. Diriger un groupe est certainement une des grandes qualités que Curtis réussit à inculquer à Against All Odds. À la différence des autres bassistes qui se sentiraient quelque peu libérés des rôles traditionnels lorsqu'une telle occasion leur est présentée, Lundy n'en profite pas pour montrer une virtuosité toute gymnastique ou pour exécuter des soli de basse sur chaque pièce. Au contraire, il se contente d'établir un véritable swing pour l'ensemble et de jeter les bases requises pour encourager une production plus qu'adéquate des solistes.