Hilary Kole

Hilary Kole avoue avoir ressenti une certaine appréhension au moment d'entrer en studio pour enregistrer son premier album, Haunted Heart. « Ça m'avait pris tellement de temps aboutir à ce point là, que ma première pensée était qu'il fallait que tout soit parfait, que ce soit la représentation parfaite de qui j'étais et de ce que je faisais. » Ce n'est qu'au milieu de la première séance d'enregistrement que le réalisateur John Pizzarelli l'aurait convaincu de se détendre. « Il m'a rappelé, et avec grande raison, que la musique doit être un plaisir, et que si en faire n'est pas une expérience agréable, alors pourquoi le faire? Nous avons conséquemment passé l'entièreté des séances d'enregistrement à rire et à tellement s'amuser que je suis étonnée d'avoir pu compléter le projet. »

Si Haunted Heart représente son entrée dans le milieu de la musique enregistrée, Hilary Kole est déjà une des jeunes chanteuses les plus connues et admirées dans le domaine, grâce à ses rôles principaux dans les comédies musicales off-Broadway de longue durée « Our Sinatra » et « Singing Astaire » (créations desquelles elle a collaboré), ainsi qu'aux spectacles qu'elle a présenté aux Birdland, The Jazz Standard, The Iridium, et autres grands clubs de jazz à New York et ailleurs dans le monde entier.

La mère de Hilary Kole fut dans son enfance une actrice et mannequin; sa grand-mère, une pianiste formée à Julliard, et plus tard une des premières femmes à devenir représentante d'artiste dans le show-business. Son père est Robert Kole, célébré acteur et chanteur reconnu surtout pour ses performances dans les productions Broadway et de tournée de West Side Story, parmi maintes autres comédies musicales classiques. Le père Kole enseigne également le chant, et Hilary Kole commence ses études musicales dès l'âge de cinq ans. « J'écoutais pendant qu'il donnait des leçons à d'autres élèves, et je me mettais à chanter les notes qu'elles ne pouvaient atteindre, » dit Hilary. « Ce n'était pas très sympa de la part d'une gosse de cinq ans! »

Malgré son talent indéniable en tant que chanteuse, sa priorité en enfance demeure la composition. À l'âge de douze ans, elle reçoit une bourse pour faire ses études au Walden School for Music Composition, ou elle passe ses six prochains étés. Elle reçoit pour ses compositions trois prix du National Federation of Music, ainsi que le prestigieux prix Delius pour son œuvre « Piano Trio No.1 », présenté en première mondiale avec le Jacksonville Symphony alors qu'elle a dix-sept ans.

Quand vient le temps de choisir un collège, elle arrête son choix sur le Manhattan School of Music (MSM). Spécialisée en composition classique, elle décide de postuler en même temps pour les programmes de Composition jazz et Chant jazz, question d'augmenter ses chances. À sa grande surprise, elle est acceptée par le département de Composition jazz. « Je n'avais aucune idée comment je me ferais une place dans un programme jazz, » elle dit aujourd'hui. « Je voulais être John Williams. » Au conservatoire, elle étudie auprès d'Ed Green, de l'illustre Manny Albarn, et de Richard DeRosa. Elle chante également dans le choral jazz de l'école, ce qui lui montre un tout autre univers. « Je suis devenue chanteuse de jazz presque accidentellement, » se souvient-elle. « Je connaissais beaucoup de standards grâce à mon père, mais là c'était la première fois que j'ai écouté Ella Fitzgerald et les autres grandes chanteuses de jazz. J'ai immédiatement su que c'était quelque chose que je voulais faire. » Elle ajoute qu'une des professeures de chant au MSM, Jackie Presti, devint très tôt un modèle à émuler pour elle, et lui fît connaitre et les grandes vocalistes et le répertoire de la musique jazz.

« À ma troisième année de collège, j'ai réalisé que j'avais besoin de travailler - à autre chose que d'être serveuse. » Mme Presti lui met dans l'oreille que le Rainbow Room est à la recherche d'une jeune chanteuse pour travailler au sein de son orchestre maison. Elle passe l'audition, et est acceptée. Hilary Kole performe au Rainbow Room en tant que chanteuse principale du Rainbow Room Orchestra pour un an et demi, jusqu'à la fermeture de la boîte en 1999, et cela constitue pour elle une première et importante expérience dans la chanson jazz.

Deux autres événements marquent sa vie à cette époque : elle reçoit son diplôme du MSM, et elle fait ses débuts dans « Our Sinatra », présenté au fameux Oak Room de l'Hôtel Algonquin. Le spectacle passe au Birdland en 2003, et est suivi une année plus tard par la présentation au même endroit de « Singing Astaire », qui reste à l'affiche pendant un an. C'est le début d'une longue association avec une des grandes institutions de jazz de New York; si elle présente des spectacles à The Jazz Standard, The Iridium and autres grandes salles autour du pays et du monde, Birdland demeure son chez-soi. Depuis trois ans, Hilary Kole est également tête d'affiche de spectacles à travers le monde, notamment dans des festivals en Europe (l'Ombrie, en Italie; Berne, en Suisse), aux Caraïbes et aux États-Unis.

Dans les dernières années, Hilary Kole a eu l'occasion de travailler avec le musicien légendaire Oscar Peterson. Avec leur collaboration en 2006 sur quatre pièces, elle a d'ailleurs été la dernière artiste à enregistrer avec cette figure iconique du monde du jazz, qui s'est éteinte une année plus tard. Suite à son décès en fin 2007, on a demandé à Hilary Kole de participer à un concert hommage - spectacle présenté au Roy Thompson Hall, et durant lequel elle a partagé la scène avec Quincy Jones, Herbie Hancock et Nancy Wilson. « L'appui et l'amitié d'Oscar Peterson ont été extrêmement précieux pour moi, et je me considère très chanceuse d'avoir connu un des hommes les plus gracieux et honorables au monde, » affirme la chanteuse.

En plus de travailler avec le Dr. Peterson, Hilary Kole a collaboré sur scène et en studio avec de telles artistes que Hank Jones, Michel Legrand, Mulgrew Miller et Kenny Barron.