John Stetch
Un artiste qui a manifestement trouvé sa voie sur le tard, John Stetch, originaire d'Edmonton au Canada, ne commence pas à jouer du piano avant l'âge de 18 ans. Toutefois, très jeune il démontre de l'intérêt pour la musique. Son père lui lègue donc sa propre clarinette et lui enseigne des notions de base lorsque John a neuf ans.
Quelques années plus tard, Stetch passe au saxophone alto et par la suite, il complète une première année d'études classiques à l'université au saxophone ténor. « La première fois que j'ai abordé mon désir de jouer du piano, plusieurs de mes professeurs se sont moqués de l'idée que je pouvais soudainement apprendre l'instrument si tard dans ma vie. Maintenant que j'y pense, ils m'ont même découragé. Mais je savais que je devais le faire… je sentais que le piano constituait ma vraie vocation. J'étais inspiré par le potentiel rythmique et harmonique du piano, et c'est un instrument qui se pratique si bien seul. »
Sa carrière professionnelle en tant que musicien débute lorsqu'il déménage à Montréal et se taille une place graduellement sur la scène jazz de la grande ville. Il y travaille pendant plusieurs années et enregistre son premier album, Rectangle Man, en 1992. S'ensuivent des tournées, des enregistrements subséquents, et ses pièces passent souvent aux postes de radio à travers le Canada, y compris la populaire émission Jazz Beat de la SRC. Plus tard la même année, Stetch déménage à New York et participe régulièrement aux fameux « jam session » de Park Slope, un rite quasi essentiel au passage dans la communauté jazz de New York. Il continue de travailler avec son propre groupe et en accompagne d'autres. En 1993, Stetch décide de participer au Thelonious Monk Composer's Competition. Non seulement remporte-t-il le 2e prix, mais sur les 260 œuvres soumises de partout à travers le monde, deux de ses compositions se classent dans les douze premières positions du prestigieux palmarès du concours.
En 1998, il remporte le Grand Prix du Jazz du Maurier, donné au Festival International de Jazz de Montréal, ce qui le mène à enregistrer un premier disque sous l'étiquette Justin Time Records. Dans les années qui suivent, Stetch est invité à plusieurs programmes de la station NPR : Piano Jazz avec Marian McPartland, Jazz Set avec Branford Marsalis et Weekend Edition avec Liane Hansen. Après plusieurs concerts en solo, Stetch atteint un moment décisif dans sa carrière. Bien qu'il adore jouer en groupe, il réalise qu'il veut maintenant explorer le défi de créer une œuvre pour piano solo. À cette fin, en 2002, il enregistre et lance Ukrainianism. Cet enregistrement célèbre son héritage, avec des arrangements jazz, classiques et folkloriques de mélodies qu'il connaît depuis sa tendre enfance. D'innombrables critiques favorables en résultent, suivies d'éloges dithyrambiques de la part des principaux périodiques jazz, dont Down Beat, qui salue Ukrainianism comme étant « un des meilleurs albums de piano solo des dernières années. » Jazziz qualifie l'enregistrement de « magistral et tout à fait monumental. » Le deuxième enregistrement, Standards, qui comprend des « dérangements » de morceaux bien connus, est lancé en 2003. L'album est reçu avec le même enthousiasme : JazzTimes vante Stetch en affirmant qu'il possède « une imagination sans limites, des conceptions harmoniques et rythmiques uniques et une dextérité digitale lui permettant d'exécuter n'importe quelle idée qu'il entend. » Le lancement d'Exponentially Monk complète la trilogie solo de Stetch et le positionne aux plus hauts rangs des pianistes-compositeurs de notre époque. Comme son titre le suggère, l'album est entièrement consacré au répertoire de Thelonious Monk. Cet enregistrement électrisant et brillant déborde de vivacité, d'humour et de textures. Stetch offre une approche personnelle de ces pièces vénérables. Appuyant la réaction du public, le Philadelphia Inquirer affirme : « Écouter John Stetch jouer en solo est comme écouter une prestation d'un grand orchestre entassé sur une scène », et le Utne Reader qualifie la musique de Stetch de « jazz audacieux et vivant pour le 21e siècle. » Pour appuyer les enregistrements de sa trilogie en solo, Stetch se produit seul à certains des endroits les plus prestigieux au monde, y compris les festivals de jazz de Monterey et de Montréal, de même que le festival Paris JVC.
En reconnaissance de sa carrière qui évolue sans cesse, le gouvernement du Canada accorde à Stetch de nombreuses subventions pour faire des tournées, du développement et de la composition. Il reçoit aussi des commandes de plusieurs fondations privées. Il aime toujours se produire en solo, mais en ce moment, il se consacre principalement au travail en trio. Stetch conclut : « Après tout ce travail en solo, je trouve très stimulant d'ajouter deux autres musiciens à mes projets : l'énergie et la spontanéité semblent soudainement tridimensionnelles. » Sans contredit un des pianistes et compositeurs jazz les plus fascinants de notre temps, John Stetch est revenu à la formation de trio après avoir complété une trilogie pour piano solo qui a été saluée à l'échelle internationale. Toujours vanté pour son esprit d'invention, son génie du point de vue technique et son son exquis, Stetch va au bout de sa vision avec son nouvel enregistrement en trio, Bruxin' (lancement le 9 mai 2006), qui est entièrement constitué de ses compositions caractéristiques.