Quadro Nuevo
La melodia non c'é più ! « les mélodies se sont perdues ! » , dit le vieux marchant de musique sicilien à Palerme, souriant d'un air nostalgique. Encore et encore nos voyages nous ont mené en terre Méditerranée, nous faisant traverser l'Italie d'innombrables fois : depuis le nord, aux élégants endroits autour de Venise et de la Toscane, jusqu'au cœur du sud ensoleillé, au Mezzogiorno où l'éclat bleu de la Méditerranée parle de l'enchantement des temps anciens, et les noms imposants des villes évoquent les mythes d'un autre temps : AGRIGENTO, PALINURO, NAPOLI, POSITANO, SIRACUSA.
Chaque été, nous jouons notre musique dans les rues de ces villes, et sur des places qui, tard dans la nuit, se souviennent encore de la chaleur brûlante du « milieu du jour » (mezzogiorno). Nos voyages ressemblent plus à des incursions au temps passé qu'à des méandres à travers le paysage, car nous sommes toujours à la recherche de mélodies d'une Italie aujourd'hui presque disparue. Issu de l'ancienne tradition de la canzone italiana, de la chanson napolitaine, le canto melodico sentimentale n'a été amené jusqu'au milieu du 20 ième siècle que par un petit nombre de chanteurs envoûtants, depuis longtemps tombés dans l'oubli : Carlo Buti, Oscar Carboni, Narciso Parigi, Nilla Pizzi et Claudio villa à ses débuts. Leurs chansons lyriques évoquent les rêves du sud, ceux qui ont toujours donné des ailes aux désirs mélancoliques des gens du nord et de l'Europe centrale.
Les années ont passé. Un jour loin de Palerme, à Montescudio en Toscane, nous avons joué une ballade intitulée « Firenza sogna », le grand succès de 1939 du chanteur florentin Carlo Buti. Un petit vieillard se leva de sa chaise, devant sa maison. Il nous confia plus tard qu'il s'appelait Renzo Modesti, avait 84 ans et avait travaillé comme maçon toute sa vie. Très excité, il appela sa femme pour qu'elle vienne écouter. Les yeux brillants de bonheur, il s'exclama, Eccola la melodia : La mélodie est revenue !